JO 2030 à Québec

Le comité Québec 2030 y croit encore

Sans appui de la Ville, des gens d'affaires présentent leur vision d'une éventuelle candidature pour l'organisation des Jeux d'hiver

Un comité formé de gens d’affaires croit dur comme fer à une candidature de la Ville de Québec pour les Jeux olympiques 2030. Il assure avoir fait ses devoirs et entamera une étape de mobilisation citoyenne, même sans l’appui de la mairie et du gouvernement provincial.

Le Comité Québec 2030 a fait connaître sa vision, jeudi, en conférence de presse.

Grâce à l’Agenda 2020 du Comité international olympique (CIO), qu’on appelle « la réforme », la ville de Québec aurait tout ce qu’il faut pour tenir les Jeux d’hiver. D’abord, elle offrirait une candidature commune avec une autre ville canadienne.

« Nous avons eu des échanges avec d’autres villes canadiennes, sans les nommer, pour démontrer clairement l’intérêt de Québec », indique le président du comité, Mark Charest.

Selon le Comité Québec 2030, la Ville détient l’expérience (candidatures soumises en 2002 et 2010), elle possède déjà les infrastructures sportives et a la capacité d’organiser des évènements de grande envergure.

L’année 2030 sera cruciale pour Québec. Il s’agit de la « fameuse opportunité ». Le CIO pourrait se montrer favorable à la tenue des Jeux d’hiver sur le même continent que les Jeux d’été 2028 [Los Angeles]. Si on laisse passer cette chance, elle ne reviendra pas avant très longtemps, croit le président Mark Charest.

L’homme d’affaires est entre autres connu pour avoir mené le projet d’un amphithéâtre à Saint-Augustin, quelques années avant la construction de celui de Québec.

Son comité s’engage dans une longue campagne afin d’informer la population de ses intentions ; quelque 1000 entreprises (440 personnes de la communauté d’affaires, plus de 562 chefs d’entreprise de la province) se sont déjà jointes au mouvement pour le dépôt de la candidature. Le comité espère accueillir d’autres partenaires prochainement, grâce à sa campagne de mobilisation. Il souhaite mobiliser les entreprises et convaincre les gouvernements de soutenir ses démarches.

En conférence de presse jeudi, différents acteurs du comité ont présenté les impacts positifs d’une candidature aux JO à Québec. Ils ont entre autres fait l’analyse détaillée des sites retenus et des infrastructures disponibles, ainsi qu’une évaluation des coûts.

Le Comité Québec 2030 insiste : il veut présenter un plan vert et peu coûteux.

« La ville de Québec et sa grande région constituent un endroit par excellence pour présenter le plus gros évènement d’hiver au monde. C’est un projet de société mobilisateur, porteur, qui offre un but commun à toute notre population. Il faut avoir le courage de rêver et de réaliser ce projet pour l’avenir de nos jeunes. »

— Mark Charest

Le Comité Québec 2030 peut aussi compter sur l’appui de 29 athlètes, dont les skieurs Kim Lamarre et Mikaël Kingsbury (Sotchi et PyeongChang), en plus du patineur Charles Hamelin (Turin, Vancouver, Sotchi et PyeongChang).

Tous les trois ont déclaré pendant la conférence de presse qu’il s’agissait d’un rêve de voir un jour les Jeux olympiques à Québec. L’évènement pourrait avoir tout un impact sur les jeunes sportifs de la région, leur offrir une motivation supplémentaire, ont souligné les olympiens.

Labeaume loin d’appuyer le mouvement

« Nous sommes tous au courant de la position du maire », a fait rapidement savoir Mark Charest, à la tête du Comité Québec 2030. Il indique que Régis Labeaume est au courant de leurs démarches depuis 2019.

« L’objectif du comité est de mobiliser la communauté des gens d’affaires. C’était le but premier. Démontrer qu’il y a un intérêt primaire pour un tel projet. »

— Mark Charest

« Le maire maintient la même position. On n’a pas eu beaucoup d’échanges outre des échanges de base sur le bien-fondé du projet. »

Selon M. Charest, l’une des clauses de la réforme prévoit qu’une candidature peut provenir d’un État, d’une province ou d’un pays. « Ce n’est pas l’objectif du comité de ne pas avoir l’appui d’une mairie actuelle ou celle à venir », précise le président.

Rappelons que des élections municipales se tiendront en novembre 2021. On ne sait toujours pas si Régis Labeaume a l’intention de reprendre les rênes ou pas de l’hôtel de ville.

« Les deux gouvernements [provincial et fédéral] sont au courant du projet et de la démarche du comité. Dans le contexte de la COVID et d’une morosité incroyable, ça ranime la flamme olympique », soutient le président du comité.

Ce qu’ils en disent…

Le maire Labeaume semble avoir complètement fermé la porte concernant une candidature de Québec aux Jeux de 2030, comme pour 2040 d’ailleurs.

« On a eu des communications avec le Comité olympique canadien dans les derniers mois. On a été très clairs que la Ville de Québec ne serait pas candidate. La décision est prise. »

— Régis Labeaume, dans un point de presse, plus tôt cette semaine

Le maire avait aussi signifié que les préférences du Canada semblaient déjà se diriger vers Vancouver, s’il advenait que le pays soit choisi pour tenir les Jeux.

« Il faut que le Canada ait l’intention et l’intérêt d’aller chercher les Jeux olympiques de 2030 et évidemment Vancouver se positionne, ils le font comme on le fait. Évidemment, les comités nationaux du pays auront une décision à prendre », a dit Mark Charest à ce sujet.

Questionnée sur la démarche du comité des entreprises, la vice-première ministre et ministre responsable de la Capitale-Nationale ne semblait guère enthousiasmée par l’idée.

« J’ai tendance à penser comme M. Labeaume », a lancé Geneviève Guilbault, en marge d’un point de presse jeudi.

« Les candidatures olympiques, c’est compliqué et c’est coûteux. On n’est pas là pour l’instant. On n’a pas ça à l’esprit », a-t-elle ajouté.

— Avec Jean-François Néron, Le Soleil

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